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Taux en baisse : quel avenir pour l'épargne réglementée ?

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Le Livret A a enregistré en juillet 2025 une décollecte inédite depuis dix ans, dans un contexte de baisse de son taux de 2,4 % à 1,7 %. Si le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) et le Livret d’Épargne Populaire (LEP) ont mieux résisté, la tendance révèle un redéploiement des liquidités des ménages vers des placements de long terme, à commencer par l’assurance vie et le Plan d’Épargne Retraite.
 

Un été noir pour le Livret A
Avec une décollecte de 70 millions d’euros en juillet 2025, le Livret A rompt une tradition positive : depuis 2020, la collecte du mois de juillet dépassait systématiquement le milliard d’euros. Dix ans en arrière, en 2015, le produit avait connu une décollecte record de 0,97 milliard d’euros à la même période. En comparaison, juillet 2024 affichait une collecte de 1,57 milliard d’euros.
 

Cette contre-performance s’explique directement par l’annonce de la baisse de son taux, passée de 2,4 % à 1,7 % au 1er août 2025, soit une perte de 0,7 point. En cumulé depuis janvier, la collecte nette s’élève à 2,9 milliards d’euros, contre 11,7 milliards un an plus tôt. En termes réels, le rendement reste supérieur à l’inflation (sous la barre de 1 % depuis plusieurs mois), mais les épargnants restent focalisés sur le taux nominal. Résultat : une désaffection croissante, d’autant que la rentrée scolaire et les fêtes de fin d’année sont traditionnellement des périodes de décollecte.
 

Les ménages se tournent désormais vers des placements plus rémunérateurs, en particulier l’assurance vie, dont les fonds en euros bénéficient d’un environnement de taux favorable, et le PER, qui séduit par sa fiscalité.
 

LDDS et LEP : des trajectoires plus contrastées
Contrairement au Livret A, le LDDS affiche une collecte positive en juillet 2025 : 340 millions d’euros, après 280 millions en juin. Ce niveau reste toutefois inférieur à celui de juillet 2024 (590 millions). Le produit joue souvent le rôle de “compte annexe” : les 10 millions de contribuables ayant perçu un remboursement d’impôt en juillet ont contribué à gonfler sa collecte. Depuis janvier, le LDDS affiche un flux net de 3,4 milliards d’euros, contre 5,6 milliards sur la même période en 2024.
 

Le LEP confirme sa position de produit le plus attractif parmi l’épargne réglementée. Son taux, abaissé de 3 % à 2,7 %, reste supérieur d’un point à celui du Livret A. Exonéré d’impôts et de prélèvements sociaux, il a séduit de nombreux ménages modestes : 450 millions d’euros collectés en juillet, après 130 millions en juin, un niveau proche de celui de juillet 2024 (460 millions). Sur l’ensemble de l’année, le LEP reste toutefois en déficit, avec une décollecte nette de 1,97 milliard d’euros depuis janvier, contre une collecte positive de près de 5 milliards sur la même période en 2024.
 

En dépit de leur résilience relative, LDDS et LEP ne parviennent pas à compenser le recul du Livret A, qui pèse lourdement sur l’ensemble de l’épargne réglementée. La tendance pourrait se confirmer à l’automne, renforçant le basculement progressif des ménages vers des produits de long terme.
 

Sources : Caisse des Dépôts, données de collecte Livret A / LDDS / LEP (juillet 2025) ; INSEE (inflation 2025).